[via Philippe D.]
« C’est truculent, un peu à la manière des polars de Frédéric Dard et verbalement succulent, comme une chronique peaufinée de Guy Carlier. Bernard a la plume facile, le verbe qui pétille et le jeu de mot jamais futile ! Un vrai festival de cocasseries, un feu d’artifice de bons mots, de personnages et une intrigue qui nous tient jusqu’au dernier (mot). Une lecture plaisante... mais trop courte ! Comment ne pas en vouloir plus lorsqu'on passe un si bon moment à lire du Bernard GuilMOT... »
FLORENCE VAUDET
La canicule est pour moi un véritable supplice.
De fait, tandis que les jupes y diminuent à l’inverse des degrés ambiants, les décolletés s’élargissent et deviennent plus torrides que le soleil. Pour dire, regardez celle-là, là-bas, cette blonde qui ondule sous son kilt si bref que, pour peu de ramasser un billet tombé à terre par inadvertance, on en apercevrait ses lunes ; ou celle-ci, la brunette toute jeunotte, plus hot que haute mais déjà autant fournie côté face que pile ; ou celle-là encore, au visage tartiné de fond de teint mais dont la robe n’a guère plus de superficie qu’un sachet de pain.
Oui, la canicule est pour moi une véritable torture.
Où courent-elles donc toutes, ainsi attifées ? Chez leur mari, leur frère, leur fils ? Chez une amie, leur amant ?
Plus d’une fois, j’ai cru que l’une d’entre elles allait pour le moins m’apostropher avec un bonjour chaleureux ou une petite phrase amicale. Et pourquoi pas une œillade suggestive, voire… ? Mais non, ma foi ne m’a jamais fait gravir aucun mont vénusien, ni grimper aucun col.
L’espoir d’une providence, c’est tout ce qu’il me reste.
Décidément, l’été n’a pas été conçu pour moi !
Quoique… Ce vendredi d’août dernier me paraissait quelque peu plus prometteur, sans doute parce que je venais de regagner le matin même ma mise au Lotto. Ce petit bout de chance semble ridicule mais il avait le don de me faire croire encore en moi, en dépit d’une récente mise en chômage et du divorce douloureux qui s’en était suivi. Aussi, pour fêter l’aubaine et passer une soirée de plus en solitaire, j’étais allé me réachalander en gin et en jus de pamplemousse dans mon supermarché habituel ; accessoirement, j’avais une envie démesurée d’un steak plus grand et plus épais que la main. Une sauce au poivre prête en bocal serait un excellent accompagnement, me disais-je en aparté.
Dehors, il faisait une chaleur comme en Belgique certains étés, c’est-à-dire sans un gramme d’air et gonflée d’humidité. Autant dire que la fraîcheur ambiante du magasin devient un fabuleux argument de vente ; imaginez la délectation avec laquelle je m’y suis engouffré !
Je l’ai repérée à l’entrée, à portée de quelques pas. La blonde n’était vêtue que d’un bref ensemble rouge braise, un short lui rasait les fesses et le top était plus étroit qu’un bandana : une véritable carnassière, cette femme-là !
Fasciné par ses jambes en ciseaux et ses genoux volubiles, mes yeux s’étaient ensuite figés à ses pieds, sur les chaussettes qui émergeaient des baskets comme la corolle d’un lis immaculé.
Aïe, ma mère ! J’étais si suspendu à sa chair que je ne sais comment je me suis retrouvé, une main lestée de deux tétrabriques de jus et, dans l’autre, une bouteille d’alcool. A mon avis, j’avais dû tourniquer dans la boutique, les yeux clos pour conserver son image un long instant.
Je l’ai rattrapée au rayon fruits et légumes, ses longues mèches blondes penchées sur une caisse de bananes bien trop vertes pour être honnêtes. Je m’en approchai en suant, tétanisé, les ailes repliées sur mon butin.
Pour la garder dans mon collimateur sans qu’elle s’en aperçoive, je me rappelle avoir fait mine de scruter dubitativement l’étalage. Elle, elle poursuivait son curieux manège avec les bananes, tâtant les unes, soupesant d’autres comme si ce fruit évocateur lui était totalement inconnu. Je me secouai enfin et finis par poser mes achats pour tâter vaguement un melon, puis un autre : à vrai dire, ils paraissaient nettement moins mûrs que je l’étais en imaginant ce que renfermait l’espèce de bandana sur sa poitrine.
Croquer ensuite un abricot, à la peau si lisse que j’y voyais le reflet de son visage, n’avait sans doute pour seul but que d’attirer son attention et, qui sait, de lui jeter une poignée de phéromones.
La voir opérer de même, en parfaite symétrie, m’a bien sûr bouleversé, d’autant plus paniqué de me sentir disséqué de derrière ses verres fumés.
Elle a finalement ôté ses lunettes noires, achevant tout bonnement de me liquéfier sur pied.
« Nous nous connaissons ? », s’enquit-elle sur un ton, à la fois inquisiteur et amusé. Je m’accrochai à mes emplettes ; son attaque directe ne me laissait plus grand champ de manœuvre. Et pourtant, je me bornai à la dévisager d’un air idiot : c’était un très beau visage aux lignes parfaites, dont le front intelligent et les yeux maritimes dégageaient tant de sensibilité que je me disais qu’elle ne pouvait qu’être artiste, assistante sociale ou… psychopathe !
« A en croire votre air stupéfait, nous avons déjà dû en effet nous rencontrer, n’est-ce pas ? », réitéra-t-elle en articulant ses syllabes comme si elle s’adressait à un analphabète. Mon regard se coulait irrépressiblement entre ses seins, écrasés sous la bande de tissu bariolé.
« … Sur une fenêtre, en plein soleil, elles mûriront assurément… », assurai-je en visant les bananes d’un index expérimenté, et sans réfléchir davantage au décalage singulier de mon propos. Je ne faisais pourtant aucune allusion maligne ou autre, j’en suis sûr.
Son rire acidulé me parcourut les oreilles comme du plomb liquide mais je savais sourdement que nous venions de faire les premiers pas.
De fait, arrivés à hauteur des caisses, nous avions déjà fait plus ample connaissance. Elle prétendait s’appeler Virginie – était par ailleurs du signe de la Vierge –, elle avait vingt-sept ans, n’était plus mariée depuis peu, n’avait jamais porté d’enfant (curieuses formulations) et travaillait dans une boutique de prêt-à-porter. Artiste ? Virginie y avait songé (elle aimait dessiner depuis l’enfance) mais les circonstances de la vie en avait décidé autrement, comme tout un chacun, n’est-ce pas ?
Saoulé par un tel débit, je débranchai une oreille. En définitive, au plus j’en savais, au moins elle m’attirait.
La bavarde, quant à elle, devint de plus en plus intime tandis que nous posions nos achats sur le tapis roulant : elle confirmait habiter une petite maison, avec un vaste jardin, qu’aujourd’hui, c’était son congé hebdomadaire et, que, tout à l’heure, après le déjeuner, elle pratiquerait ses passe-temps favoris, à savoir la lecture et la sieste à l’ombre de son pommier…
Quant à moi, j’abrégeai ma présentation au plus court. Ni mon statut de chômeur, ni mon physique n’avaient de quoi transcender le monde, moins encore d’intéresser une femme de son acabit.
Nous avons encore été faire un tour par la boucherie annexée à la grande surface, j’aurais presque envie de dire « main dans la main ». En dépit de son flot de paroles, qui m’en apprit d’ailleurs bien d’autres, j’étais très fier de trimballer une si jolie femme à mes côtés, pensez donc ! Pour faire bonne mesure, j’ai commandé un steak d’un bon six cents grammes, des fois que nous pourrions nous le partager. Je reconnais que c’était surtout pour la frime, car cela amputait d’une fameuse part mes allocations de chômage.
Je n’étais pas lourdement chargé et j’habitais à portée de flèche du magasin. Aussi, lorsque la jeune femme m’a proposé de me raccompagner en voiture, moi, j’ai pris ça comme un prétexte pour que nous restions encore ensemble quelques instants, ou plus si affinités. Je l’intéressais peut-être, en définitive, autant que moi elle avait réussi à me troubler. Par curiosité, j’ai accepté, pensez donc ! Qui sait, peut-être m’inviterait-elle à visiter son jardin intime pour m’entraîner sous son arbre favori.
« Si je suis trop directe, faites-le moi savoir, n’est-ce pas ? », fit-elle d’un air pincé, en ouvrant les grandes portes-fenêtres de son salon qui donnaient sur le jardin, « Vous allez croire que c’est pour moi une habitude d’inviter des inconnus à déjeuner… ».
Je posai mon sac à rayures bleues et blanches sur la table ovale en chêne, entourée de ses six chaises assorties. « Vous pourriez tout aussi bien vous imaginer que j’ai l’habitude d’accepter de suivre des inconnues… », ai-je rétorqué d’un ton badin, « De toute manière, je pense avoir eu les yeux plus gros que le ventre en commandant ce tournedos… ».
Justement, je la voyais de dos, ses longs cheveux déferlant sur ses épaules nues et la fière cambrure de ses reins qui luisait d’une légère sueur. J’étais en train de me dire non sans ironie que j’avais peut-être également les yeux plus gros que le bas-ventre, quand elle se retourna brusquement, comme si je m’étais approché d’elle à pas feutrés. Pourtant, trois bons mètres nous séparaient encore. Je perçus une lueur dans son regard, entre angoisse et indécision, et le rire forcé qui émanait de sa gorge m’avait convaincu que c’était la première fois qu’elle s’aventurait à inviter chez elle un homme croisé une heure auparavant.
« Excusez-moi mais j’ai presque envie de reporter notre déjeuner à plus tard… », dit-elle d’ailleurs, tous sens aux aguets.
« Ce sera comme vous voudrez… », rétorquai-je en portant déjà la main vers mon sac en plastique. Etre insistant n’était sans doute pas la meilleure solution à adopter en pareil cas.
« Non ! Non ! Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire… », s’empressa-t-elle aussitôt d’ajouter, en s’approchant de moi jusqu’à poser sa main sur mon avant-bras, « Je… ».
« Vous… ? », l’intimai-je à poursuivre, tandis qu’elle retirait prestement ses doigts pour se croiser les bras, sans cesser de mordiller ses jolies lèvres.
« Non. Restez ! … Je suis idiote ! », sembla-t-elle conclure pour elle-même. Puis, après un silence qui me laissa dans l’expectative : « Je ne voudrais pas que vous vous imaginiez que je suis une femme en quête d’aventure… ». Elle hocha la tête comme si elle secouait ses idées : « Ce serait d’ailleurs normal que vous pensiez ça, je ne vous en voudrais pas ! ». De fait, je pensai cela, non sans amertume, tandis qu’elle s’enfonçait dans son soliloque : « Mais je ne suis pas une aguicheuse, vous savez ? Je… ». Elle fut hésitante, une fois de plus. « Excusez-moi !... », finit-elle par souffler, embarrassée jusqu’au cou.
J’adoptai un air conciliant. Il le fallait bien, à ce stade, me semblait-il, et j’allai de l’avant, sur une note ferme et décidée : « Virginie, cessez de vous torturer !… Dites-moi plutôt si vous préférez votre tournedos saignant ou à point ! », grommelai-je en me dirigeant vers la cuisine, comme si je coupais court à une querelle d’amoureux.
Cela parut quelque peu la rasséréner, dans un sens, mais dans un autre, je notai au vol une grimace de réprobation qui envahissait le bas de son visage. « Qu’y a-t-il encore ? », demandai-je, à la limite d’être excédé : « Vous n’aimez peut-être pas la viande ? ».
Elle se campa sur la pointe des pieds, esquissa un geste évasif de la main droite. « J’aime beaucoup la viande… », dit-elle sur un ton d’aveu, « Mais… je considère que… ma cuisine fait intégralement partie de… mon intimité ! ».
J’ai accusé le choc en amorçant une prudente marche arrière. Pas un seul instant, je n’avais envisagé qu’il serait plus aisé de l’embrasser que de pénétrer dans sa cuisine.
« Désolé ! », me suis-je alors excusé, « Je n’avais pas soupçonné que… ». J’étais entre deux chaises, sans parvenir à faire un choix. « Je vous… comprends… », a-t-elle bredouillé en se faufilant dans le couloir. « Je suis une femme… disons : un peu spéciale… ».
De fait, elle l’était, méditais-je tandis je la voyais de loin effeuiller et nettoyer une laitue. Assis sur le bord d’un fauteuil, dans un parfait silence – et que pouvais-je faire d’autre ? -, je contemplais le jardin.
En un mot comme en cent, il était vraiment fabuleux, quoique de petite taille. Ses parterres indisciplinés respiraient les bonnes couleurs du plein été et les chemins s’insinuaient comme des serpents tachetés de pierres plates. Visiblement, elle l’entretenait à la perfection et je ne sais par quelle magie elle lui avait préservé un cachet sauvage : par l’irrégularité des proportions peut-être, par les diverses hauteurs sans doute. Et, en effet, l’ombre que dessinait le pommier torturé serait un endroit idéal pour lire, prendre l’apéritif ou s’abandonner à une petite sieste.
Il n’y avait pas non plus de voisinage direct ; de toute manière, les haies de bambou qui ceinturaient le petit paradis préservaient la dormeuse des curieux ou des pervers. Je m’abandonnai à l’imaginer, allongée sur une couverture dans toute la splendeur de son corps nu, une revue féminine ouverte qui lui tombe du bout des doigts.
« Je vous prépare un apéritif maison ? » cria-t-elle subitement de la cuisine. Plongé dans mon imaginaire pictural, j’avais quasi oublié que cette jeune femme existait aussi dans la réalité. J’opinai du bonnet mais cela ne parut pas suffisant car elle réitéra bientôt sa question un ton plus haut. « Mousseux, pamplemousse rose…avec une larme de gin, cela vous va ? », ajouta-t-elle en complément d’information. « Parfait ! C’est parfait ! », fis-je en guise d’assentiment. Je ne savais pas encore que je n’y goûterais jamais.
Mon regard errait à présent dans le fond du terrain. M’obnubilait surtout une bande de terre fraîchement retournée, légèrement bombée, qui me procura une pensée morbide : il n’y manquait qu’une croix de bois. Il y avait peut-être un cadavre là-dessous, brodai-je lourdement, son ex-mari peut-être !
Son arrivée discrète me fit sursauter.
« Je voudrais être enterrée dans ce jardin ! », soupira-t-elle d’une voix qui résonnait étrangement dans mes oreilles. Elle tenait le paquet de tournedos au bout d’un bras et, par les plis mal repliés de l’emballage, quelques gouttes s’échappèrent pour maculer sa cuisse droite avant de dégouliner sur le sol.
« Attention ! », m’empressai-je d’un bond en redressant vivement son autre main qui se décrochait de mon verre de cocktail.
Qu’est-ce qui m’a pris ensuite - l’odeur du sang peut-être et sans doute un état d’excitation très avancé – de tendre les doigts en éventail vers sa jambe souillée et, avec un calme dont je ne me croyais pas capable, de recueillir du bout de l’index l’une des perles rosées qui colorait sa peau, pour finalement la porter à mes lèvres ? A vrai dire, cela avait la consistance, l’odeur, le goût d’un baiser et, selon moi, tant ses yeux écarquillés que ses joues empourprées me signalaient qu’elle en avait perçu la saveur. Inattendu, incongru, inconvenant, mon geste la figeait néanmoins, en alerte comme une chèvre accostée par le loup.
Me redresser lentement et reculer d’un pas était censé la rassurer mais la jeune femme se limita à balbutier quelques syllabes inintelligibles.
« Excusez-moi ! », rajoutai-je, le front bas et les mains derrière le dos comme un gamin contrit, « Je ne sais trop ce qui m’a pris ! ». Les yeux pointés vers le sol, je m’attardai sur ses socquettes et baskets blanches. Je ravalai la salive qui abondait dans ma bouche. Il était clair à présent que je ne pourrais demeurer correct envers elle un seul quart d’heure de plus. Ce corps bien peu vêtu était à mon sens un indicible appel au viol.
Vraisemblablement en fut-elle lucide car je la vis hésiter sur l’attitude à adopter. « Je ne sais ce qui m’a pris… » s’expliqua-t-elle poussivement, « J’étais en train de déballer le steak et je voulais vous amener votre verre… et j’ai… ».
« Je pense maintenant qu’il serait préférable que vous partiez ! », murmura-t-elle en conclusion. « Maintenant, tout de suite ! ».
Les bras ballants, je me demandai si j’allais ou non, par goujaterie, reprendre mon tournedos. J’hésitai, avant de le remballer en finale, l’enfourner dans le sac en plastique dans lequel je jetai encore un coup d’œil réquisitoire sur ma bouteille de gin, gentiment coincée entre les deux litres de jus d’orange. Franchement, la perspective de siroter tout cela en solo ne m’enchantait plus guère.
Virginie n’avait pas bougé d’un iota. Elle me tournait le dos, s’attendant sans doute à me voir disparaître avec discrétion.
« Virginie ! », dis-je, en désespoir de cause, « A vrai dire, la perspective de m’enfiler ce steak immense et de me saouler en solitaire ne m’enchante plus vraiment ! ».
« Car vous aussi, vous avez quitté votre femme ? », répondit-elle en faisant volte-face, si on peut appeler cette question saugrenue une réponse. Je me noyai d’abord dans son regard brûlant puis scrutai en arrière-plan les deux mètres carrés de terre fraîchement retournée. Je voulus lui suggérer amicalement d’y planter au plus vite des rosiers, ou n’importe quoi d’autre qui fût déjà fourni, mais « Non, ma femme, j’ai préféré l’oublier, voilà tout ! », ai-je simplement rétorqué en gagnant la porte à pas lents.
Accessoirement, j’oubliai mon sac et son contenu sur la table. Elle en aurait sans doute grand besoin, me suis-je dit du dehors.
Voilà, cher Maître, comment s’est déroulée notre rencontre, et pas autrement. Je n’ai rien de plus à vous communiquer.
Dans l’attente d’une… , veuillez croire… etc.
Philippe
D. 2004, cellule 67.
FIN
« Très
heureux d'avoir parcouru ces pages parfaitement écrites dont les
images se sont imprimées fidèlement dans mon esprit : personnages
et décor m'apparaissent à tel point tridimensionnels que je serais
prêt à me demander, dans un moment de distraction, de quel film
sont-ils issus ! Philippe D., pathétique, masquant ses pertes
derrière son discours narquois, déçu, si réel
que nous nous sentons penser quand il pense. Virginie, mystérieuse
sous son apparence playboyènne, est-elle réelle ? leur rencontre
n'est-elle pas construite que par l'imagination nécessiteuse de
Philippe ? Pareil pour ce qui est des lieux : supermarché (j'ai
adoré les bananes trop vertes pour être honnêtes !), maison et
jardin de Virginie, son arbre à pommes (sont-ce les fruits interdits
?), le rectangle de terre retourné et les gouttes de sang coulant
sur sa cuisse, tout m'arriva directement aux sens. Bref, le visible
comme l'invisible sont vernis par un pinceau précis, rigoureux et
économe. Rien à enlever ni à rajouter.
Or
à peine a-t-on fini la dernière phrase, qu'on pique du nez sur la
première, loupe à la main et esprit Sherlockien (ou plutôt
Poirotien, compte tenu de la nationalité de l'auteur) en éveil,
pour décortiquer chaque phrase, pour y chercher les non-dits cachés
qui nous ont menés à ce déroutant aboutissement. Mon rôle de
critiqueur m'empêche de parler de mes propres découvertes, du
travail que tout lecteur se doit de faire car on sent bien que B. G.
finit sa nouvelle avec un « À toi, ma vieille, à toi, mon vieux !
» Et alors il ne nous reste qu'à retrousser les manches de notre
intelligence pour combler nos trous. Juste un petit clin d’œil de
lecteur-chercheur solidaire : révisez le titre ! ».
GUSTAVO POTENTE
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